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Ma blouse, mon stétho et mes chaussures

Ma blouse, mon stétho et mes chaussures
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15 septembre 2008

Parfois, les mots nous trahissent...

Au hasard d'une bouche, des bribes de lettres associées nous transforment en feuilles automnales vibrantes, tremblant du haut de la stabilité de leur branche-mère. Nous sous estimons trop souvent le pouvoir des mots, le pouvoir des fleurs. Ces fleurs qui ne sont que poésie de l'âme et du coeur entremêlés de jeunes boutons d'or. Les mots sont la paisible et tumultueuse prairie de ce moment, de ce regard, de cette main qui frôle des cheveux enjoués par le frémissement des airs.

Des gouttes d'une pluie limpide fracassent le sol, les pétales quittent le navire. Nos haillons de coeur disparaissent, ils laissent entrevoir la graine de la vérité insaisissable, intouchable, inexorable. Quelques instants ont passé. Un bourgeon vert tendre a vu le jour. Sa fragilité touchante donnent naissance à des palpitations, les cils sont aux aboies, les pupilles s'amourachent de tâches dorées, un parfum subtilement rosé flotte sur les os, le vin se déguise en bouquet.

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19 août 2008

Le mimosa rosé des falaises

Le mimosa rosé des falaises est une plante rarissime, elle ne fleurit que le coeur folichon perché au bout d'une falaise en regard d'un clair de lune pluvieux. Cette lune plonge son buste au fond des eaux sombres aux reflets chatoyants, les nuages et les derniers rayons du soleil couchant la colorent de zébrures tendrement rosées. Le coeur fou se tient assis sur un banc abandonné des promeneurs diurnes, il contemple la confusion de la mer et du ciel. Cette mer et ce ciel communient en cet instant. La lumière inexistante est douce, veloutée par quelques bulles aqueuses roulant çà et là. La mine réjouie, la chevelure libre répondant à l'appel du vent, la saveur des embruns sur les lèvres, le coeur fou se délecte de sa solitude nocturne.

Néanmoins, contrairement aux apparences, le propriétaire de ce palpitant arythmique du sentiment n'est point seul. Il n'y a, certes, pas de voisin, mais il est habité par la musique des vagues se brisant sur les roches, juste là, en bas. Il porte un brin de mimosa rieur en son sein. Cette petite boule jaune lui était inconnue jusqu'au jour où il put tomber nez à nez, au hasard d'un dédale de pavés et d'une fontaine, avec une jolie grappe de ces petites boules or. Dès lors, le coeur fut possédé par une charmante folie revigorante, l'inconnu deviendrait donc connu.

La scène est intrigante, on distingue vaguement une silhouette assise à califourchon sur l'unique banc surplombant les pieds de la falaise, il fait nuit, la pluie se fond en brouillard protecteur. Les formes composant le paysage disparaissent progressivement, le flou envahit les éléments. Seul l'odeur d'un bouquet de mimosa parfume l'air ambiant et traverse les secondes qui s'effilochent. Les fleurs harponnent un morceau de fil tandis que celui-ci tentait de s'échapper vers des notes violettes et grenadines.

Le ciel s'éclaircit, le coeur est désormais muni de l'attirail nécessaire pour tricoter un pull de fils naissants, il a d'ailleurs débuté son ouvrage. Une fontaine, un verre de pouilly rejoignent à leur tour ce petit théâtre de nouveautés.

2 août 2008

Absente?

Vous n'allez pas le croire, mais mon absence était due à des vacances. Si, si, je vous jure. De vraies vacances, passées seules ici, sans aucune obligation, sans ce réveil attardé mental qui ne comprend pas qu'il n'est en rien obligé de me réveiller chaque matin à la même heure pendant l'année, ce réveil qui a failli finir ses jours dans ma poubelle un certain nombre de fois. Ceci dit, je ne suis jamais parvenue à m'en séparer puisque quoiqu'on en dise, un réveil est un outil indispensable pour une retardataire chronique, ensommeillée des pieds à la tête début juillet.

Je vous assure que ne plus entendre cette sonnerie ravageuse de sommeil et de rêves fut une bénédiction, un intense soulagement. Cela m'a permis de reprendre des horaires insouciants, décalés sans aucune culpabilité!

Vous vous demandez peut-être ce que j'ai bien pu faire pendant mes vacances. C'est simple : rien. Enfin, quelques petites choses malgré tout. J'ai découvert le martini mimosa, j'ai glissé sans retenue de la grenadine au sirop de violette, pour finir dans un nuage de mimosa. Quelques achats soldesques; grande question : des chaussures? Oui, encore des chaussures, toujours des chaussures, mais pas uniquement des chaussures!
Quelques verres en terrasse, des fontaines, des grondements de tonnerre ressemblant étrangement à des roulements de tambour. Un petit mic-mac pour fêter mon quart de siècle en petit comité, avec du vin qui aurait du être bon; en fait, il fallait choisir la bonne bouteille sinon c'était la barre cérébrale assurée après seulement un seul verre. De toutes façons, j'ai décidé que j'avais jusqu'à l'atteinte de ma prochaine décennie pour fêter ce fameux quart de siècle, ce qui nous laisse encore de nombreuses occasions de profiter d'une petite cour presque magique.

13 juillet 2008

Paris se meurt

Paris se meurt, tendrement elle s'essouffle peu à peu. L'ambiance n'y est plus, l'été aura raison de ses folies.

Les rues se vident chaque jour un peu plus pour se satisfaire de la présence d'une foule de touristes armés d'appareils photographiques, de guides, de tickets de métro. Le marché semble pâle, les odeurs ne sont plus celles d'antan, les légumes font grises mines, les fruits ne rougissent pas, les fleurs se fânent. Les chalands marchent d'un pas lourd, inanimé, le regard hagard.

La ville est triste, sombre malgré la clarté du jour. Elle se tient tant bien que mal çà et là pour ne point perdre la totalité de son prestige. Des points informations fleurissent pour satisfaire les touristes. Mais, Paris est en proie à un ralentissement psychomoteur de mauvais pronostic. Ses grondements matinaux sont remplacés par des bâillements inaudibles. L'asthénie parisienne ne tardera pas à atteindre son paroxysme. La vie lui fausse compagnie, tout doucement, elle se cache dans des recoins inaccessibles.

Ses habitants tentent le tout pour le tout, un feu d'artifices est organisé en grandes pompes. Avant ça, on fera défiler les corps de l'armée française, c'est une mesure de réanimation de l'âme du pays, de l'âme de Paris;  il faut les sauver à tout prix. Dans un dernier élan réanimateur, un feu d'artifices est tiré la veille de la fête nationale pour que, le grand jour venu, la ville paraisse moins blafarde. Je ne sais si cela change les choses, Paris est anémiée, ses hématies sont ailleurs, étendues sur le sable.

Comme chaque soir, je suis assise sur le rebord d'une fenêtre, la tête dans les nuages, des volutes autour du visage, les yeux scrutant les mots des étoiles. Ce soir, une étoile, solitaire dans un ciel limpide. J'écoute la musique des bombardements réanimateurs, j'imagine la couleur des fusées pour chaque détonation, je crée mon propre feu d'artifices en percevant les derniers souffles de mon pari qui ne rencontrera probablement plus son Paris.

Et demain, "au pays des matins calmes", j'irai déambuler ma solitude au milieu des arbres et des brins d'herbes folles.

12 juillet 2008

Un jeu???

Faut-il prendre le concours de l'internat (actuellement nommé ECN pour examen classant national) comme un jeu? Cela permet-il de mieux vivre les années qui nous séparent de cette échéance? Faut-il ne plus avoir de vie pendant ces années pour avoir le choix? Peut-on se ménager des voyages intérieurs, des escapades nocturnes sous la pluie d'orage pour faire passer la pilule de ce futur concours? Que dis-je, ce n'est pas un concours... selon sa dénomination ce n'est qu'un examen...

Pour les non-initiés, quelques petites explications :
L'ECN sanctionne la sixième d'année des études de médecine, il permet d'obtenir un classement des étudiants. Selon sa place, chaque étudiant choisit (ou ne choisit pas...) sa spécialité et sa ville d'internat. Naturellement, les têtes de liste choisissent en premier. Autrement dit, si l'on souhaite vraiment avoir accès à nos rêves les plus fous, il faut absolument être bon, très bon, excellent!

Cela fait quelques jours que les résultats de l'ECN 2008 ont été craché au visage des D4 de France. Les conséquences de tout cela? Des cris de joie, des larmes de joie, des sourires béâts, des mines radieuses... mais aussi, des demi-teintes... et des larmes de désarroi, des cris de désespoir, des rires nerveux incontrôlables et incontrôlés, des états dépressifs réactionnels... A ceci s'ajoute les beuveries pour fêter la fin de cette galère, pour fêter sa réussite, pour oublier son échec, pour se laver de ses rêves inaccessibles.

Et moi? Que fais-je pendant ce temps-là?
Je tapote sur le clavier à la recherche d'information sur les rangs limites de psychiatrie l'année dernière, pour d'autres spés aussi. Je vais faire un tour sur le site de l'école de santé des armées. Je déambule, le palpitant en émoi. Qui sait, peut-être ai-je trouvé ma voie? En fait, je n'en sais rien du tout, mais je me renseigne dans un état second.

Et puis, mon sang ne fait qu'un tour : je ne suis pas venue à Paris pour être mal classée dans deux ans! Il faut que je bosse, il faut que je bûche, il faut que je rabâche tout ça, il faut que je connaisse tous ces bouquins éparpillés sur le tapis (d'ailleurs, ça fait plein de couleurs sur le sol, c'est presque joli, presque gai). Je dois être capable de pouvoir choisir le jour venu, ma spécialité, ma ville.
En réalité, la préparation de ce concours n'était pas le premier motif de mon transfert ici. Néanmoins, ce n'est pas parce que la vérité semble prendre la poudre d'escampette, que la vérité se floute de nonchalance et de fausseté, de lâcheté... ce n'est pas pour cela que je dois me laisser couler dans cette boue noirâtre qui souhaite s'insinuer dans mon petit être.
Le Crohn de cet ECN 2008 m'a permis de reprendre du poil de la bête, de me battre à nouveau pour un rêve, pour des rêves, dans des domaines qui n'ont pas forcément quelque chose en commun avec la médecine, choses qui ont, cependant, quelque chose à voir avec ma médecine.

PS : je doute que certains des patients que j'ai pu côtoyer, certaines personnes avec qui j'ai travaillé lisent mes enchaînements de mots, mais je tiens à les remercier de leurs sourires, de leurs grimaces, de leurs questions, de leurs réponses, de leur patience, de leur soutien. Merci, c'est aussi grâce à vous que l'on trouve le courage et la force de poursuivre cette aventure.

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8 juillet 2008

La peur au ventre

Il est possible que vous connaissiez cette peur. Celle qui vous tord les tripes, celle qui envahit chacune de vos alvéoles pulmonaires, celle qui parvient à se répandre dans le moindre capillaire. Cette peur sinueuse, emballant le coeur, les glandes lacrymales, s'empare des parcelles neuronales.
Cette nuit, j'ai cette peur au fond de moi. Dans le jargon psychiatrique, on pourrait parler d'angoisses... Ceci dit, je ne crois pas que ce terme soit approprié, quoiqu'on ne sait jamais.

Je crains le lendemain, je crains les jours sans lendemain. Je finis par être terrorisée par ma vérité ou plutôt par une possible erreur source de ma vérité. Si tout n'était que fausseté? Si ce n'était qu'un sombre rêve ridicule? Si je refusais de voir la vérité des autres en face? Si tout n'était qu'une triste utopie? Si ma douce mélancolie n'était que subterfuge?

A l'heure qu'il est, je prend conscience que j'ai choisi le chemin centrifuge au lieu de la voie centripète. Alors que cette voix, ces mots, ces silences m'habitent depuis plus de cinq cent jours, pourquoi choisir la route qui m'en éloigne paisiblement et tumultueusement? Pour ne pas s'avouer vaincue? Pour éviter un raz de marée angoissé et sanglotant? Non, je ne serai point vaincue, je ne perdrai rien. Les gens disent souvent "fonce, tu n'as plus rien à perdre"... Qu'en savent-ils? Que peuvent-ils comprendre? RIEN. Je vous l'assure, si même mon petit cerveau embué et torturé ne saisit pas tout, qui pourrait comprendre la douceur d'un café au miel, qui pourrait humer le parfum d'une soirée automnale balconesquebalconesque? Qui pourrait envisager la satisfaction qu'apporte le fait d'être dans cet état de torpeur en mettant machinalement des mots bout à bout?

Mon oranger à l'agonie ne meurt pas, il ressuscite de ses pauvres feuilles flétries. De jolies feuilles vert tendre s'attachent çà et là. Le fil ne paraît plus dénudé, les fibres nerveuses retrouvent leur gaine de myéline, les petits bouts de laine laissés au sein de, désormais, vieux mots ont survécu. Cet oranger, je le contemple béâtement, tendrement, c'est mon secret, c'est mon coffre au trésor.
Il y a un an et des poussières, j'ai perdu un citronnier, les feuilles sont tombées une à une malgré le combat de ce petit arbuste qui tentait de fleurir dans un dernier souffle. Il est mort sur un nuage de poudre aux yeux qui ne souhaitait pas briller. C'était l'hiver au fond de mon coeur.

28 juin 2008

Une bouteille de vin

Si vous étiez une bouteille de vin, comment aimeriez-vous être bue?

Comme ce vin que l'on boit rapidement au coin du bar pour oublier nos misères du jour. Celui qui arrache le gosier, tord les boyaux et assure la présence de céphalées. C'est aussi lui qui nous transforme en pilier de comptoir, accoudé voire affalé sur le zinc tel un tas de tracas quotidiens que l'on abandonne au détour des verres qui s'enchaînent en solitaire. C'est la solitude solitaire, subie, non profitable, c'est la lassitude d'une vie trop lourde à porter au quotidien, c'est l'ennui, c'est le néant qui envahit chaque parcelle de l'être, il n'y a plus d'être. Ce vin, c'est une forme d'alcoolodépendance.

Comme un vin de table que l'on boit par habitude à chaque repas, parce qu'un petit verre ou quelques verres n'ont jamais tué personne, parce que c'est bon pour la santé. C'est lui le fidèle compagnon muet des déjeuners et dîners, celui que l'on ne déguste pas puisqu'on le connaît depuis des lustres, celui qui n'est qu'une contrainte quotidienne habituelle. Une alcoolodépendance sourde et fourbe peut naître de ce vin. Par habitude... la lassitude se fait sentir.

Comme un vin à 2 francs et 6 sous que l'on achète à la hâte, au supermarché du coin, avant une soirée entre potes, juste pour se mettre la tête à l'envers, boire le plus possible en dépensant le moins possible, pour se sentir pousser des aîles qui ne sont que de lourds boulets attachés sournoisement à nos pieds, pour se fondre dans le chao humain qui nous sert d'entourage. C'est lui qui entraîne vomissements, bouffées délirantes aigues, céphalées insoutenables le lendemain, histoires dont on ne se souvient que des jours plus tard voire jamais.

Comme un vin partagé avec quelques amis, celui qu'on déguste en refaisant le monde, en philosophant sur la vie et son oeuvre. C'est lui que l'on boit sans retenue parce qu'il est, tout simplement, bon, on se délecte de ses arômes en bonne compagnie, il danse les notes de l'amitié.

Comme un vin englouti béâtement sur un balcon, au sein du crépuscule des coeurs qui se reconnaissent, à l'aube d'une nuit étoilée. Il sublime les pupilles doucement dilatées par l'obscurité du lendemain, il transcende l'incertitude des âmes. Sa douceur parfume les baisers du clair de lune, envahit l'espace. Sa mélancolie subliminale caresse tendrement les visages au hasard d'une brise légère.

Alors, votre choix?

13 juin 2008

Cette fille, là-bas.

"Il y a cette fille, là-bas, au coin de la rue, vêtue de noire, le visage fermé, les yeux cernés, les cheveux or. Ses pas paraissent légers, il ne faut pas s'y méprendre, ses pas sont l'empreinte de ses sentiments. Or, ceux-ci ne sont point légers, ils se font un peu plus lourds à chaque pas. Mais, cette fille ose les porter, c'est la clé de son âme, de sa vie, c'est un bijou dont elle ne se sépare jamais. Semi fardeau, semi jouissance, ils ne la quittent pas, l'érosion temporelle ne peut les atteindre.

La mélancolie cogne à sa porte, elle l'attendait, elle avait senti que le moment du grand plongeon pointer le bout de son museau. Elle décide alors de succomber à la tentation. Elle déambule tendrement dans les rues, contemplant l'enchaînement des pavés. Le jour baisse doucement, tout doucement, et la plonge dans une torpeur sensitive, presque sensuelle, elle communie avec la nuit. Ses pas deviennent velours, son visage est transcendé, ses pupilles dilatées, ses lèvres frémissent.

La raison a pris la fuite, ne pouvant résister à cette vague démentielle de vérité floutée."

31 mai 2008

Un sens à

Il y a des jours où l'on souhaiterait donner un sens à sa vie. Dès le réveil, on est porté vers un univers flou, construit de brouillard, de fines pluies qui ruissellent sur le visage, de nuages s'entrelaçant. Parfois, les étoiles nocturnes nous tirent du sommeil alors qu'il fait jour depuis des heures. Que représentent-elles? Des glaces à la vanille.

Mes épaules portent le poids d'un quart de siècle, il devrait être léger, tendre. Je ne peux marcher sur les nénuphars pour traverser cet étang de pensées et en sortir indemne. Chaque pas met mon idéal en péril. Je croise, çà et là, des gens qui se noient dans le contrôle de leur être, de leurs pensées. Je suis attristée par ces attitudes rigides, psychorigides. Les roseaux animés par le vent m'indique un chemin, je le suis, je suis portée par cette brume enveloppante. Je cherche, j'attends que l'on me trouve, je ne suis pas perdue. J'aime me sentir égarée. Des souvenirs mélancolisent encore un peu plus ces instants. Instants chéris, instants attendus, instants non partagés,instants solitaires. Je n'ose mépriser cette tristesse, je ne peux que la vivre.

Ces mots résonnent tels des notes jouées à la hâte sur un piano. Ce piano me débecte et me trouble. Je ne l'aime pas. Lui, je le méprise, je ne veux plus le croiser. J'aimerais piétiner ses cordes, ses espoirs, ses discours. Et pourtant, je rêve de lui arracher son masque, de le mettre à nu, de comprendre ses pas. J'ai besoin de percer les mystères de cet être atypique, de ce coeur inconnu.

D'autres mots sur d'autres nénuphars me font voyager vers des marches froides, trempées d'une pluie acide. Ces mots, ces marches, ces silences sont toujours là, ils attendent la fin de l'histoire dont ils sont les parents. Les brûlures du bois mort sont vivaces, elles surgissent, elles ne peuvent être illusions. Des vérités, cette vérité ne sont ni regrets ni remords. La trépanation des coeurs mènera à cet escalier, clé de notre fin.

Malgré ces grains de sable venus troublés les rouages de nos billes, les mots survivent. Les peaux en sont parfumées, les iris en sont auréolés. Un jour, on trouvera un sens à...

27 mai 2008

La valse des pingouins

Promenons nous quelques instants sur la banquise. Retrouvons nos amis les pingouins, un café à la main. Plusieurs groupes se distinguent. Leur unique point commun réside dans leur tenue, ils sont tous vêtus d'un costume et d'un masque. Lorsque que l'on ne prête pas attention à leurs mimiques, à leurs gestes, à leurs regards, à leurs positions, on ne remarque qu'une seule et unique chose, ils semblent former une petite communauté bien sous tout rapport, le groupe des pingouins est officiellement créé.

Néanmoins, dès lors que l'on ose s'approcher un peu plus près de cette minuscule mafia pingouinesquepingouinesque, on découvre un monde nouveau. Les apparences sont trompeuses, ces pingouins ne sont pas ce qu'ils prétendent. En réalité, ces individus incarnent différents volatiles.

Mais qu'est-ce que ce volatile qui glougloute au sein de cette grise assemblée? Un intrus de sexe féminin, une petite dinde se tient là, plantée sur ses deux pattes. Si elle pouvait faire la roue, elle le ferait. Sa petite tête dépeint parfaitement la satisfaction qu'elle éprouve à n'être entourée que de mâles. Ses airs béâts ravissent sa cour. Les cendres de sa cigarette martèlent le sol pour rappeler sa présence. Ceci dit, ce manège est inutile, une dinde ne passe pas inaperçue, rien ne sert d'en rajouter.

Une fumée glauque et imbue de son auteur s'échappe du visage d'un faucon (ou d'un vrai?). Persuadé d'être un aigle, il se dresse de toute sa hauteur, il est bien visible et se rend audible à coups de babillages grotesques. Derrière ce masque de faucon se cache un jar prêt à piétiner ses non congénères pour être le premier, pour être le plus grand, pour être le meilleur. Sa superbe est entâchée par ses regards dédaigneux, son bec crochu jaunit par l'envie. Ce faucon se veut centre des conversations, élément indispensable de ce petit monde à part, petit chef ridicule de cette mafia stupide. Les autres le contemplent bêtement, comme un mini Dieu. Il est conforté dans sa position de leader. Le faucon n'est qu'un dindon.

Juste à côté, un petit moineau, l'air absent, loin des préoccupations futiles de ses collègues. Il respire la sympathie, le respect malgré un petit masque voulant prouver son assurance. L'envie de le tirer de ce faux pas est grande. Mais, à quoi bon lutter quand un volatile n'en est point capable de lui-même? Le moineau subit les mots du faucon (alias le dindon), les gloussements de la dinde. Il est mauvais acteur, le temps a griffé son masque pour faire apparaître sa vérité. Il est contraint de supporter cette réunion quotidienne pour ne pas être victime d'exclusion, il en sera bientôt libéré et sera alors initié à une autre fraternité.

Un merle fait également partie de ce groupe. Il est rieur, enjoué, sans fioriture. Il prend la vie comme une fête, comme une série de plaisanteries. Ce merle siffle une note de vérité à ce spectacle de déconfiture humaine. Peut-être a-t-il acquis la maturité nécessaire pour avoir le courage de ne pas se cacher derrière des apparences trompeuses. Sa voix s'élève clairement et distinctement au milieu des piaillements incessants des participants.

Et juste là, à deux pas, un jeune coq, arborant fièrement son costume gris et sa cravate couleur ciel. Des volutes de fumée s'échappe de sa bouche. Des rires rejoignent les nuages fraîchement enfantés. Son masque est flagrant, il est sous influence, influence néfaste d'un faucon, faucon qui ne souhaite que dévorer le jeune poussin. Les artifices sont évidents, des sourires forcés, des mimiques volées çà et là, une fausse impétuosité qui pourrait être vérité en d'autres lieux, des regards fuyants pour les individus extérieurs à la mini mafia. Et pourtant, ce jeune coq à peine sorti de sa coquille possède ce petit truc des rêveurs éternels, cette petite pointe de vérité qui ne demande qu'à naître véritablement. Petit poussin deviendra grand. Suivra-t-ilSuivra-t-il les pas du faucon? Espérons qu'il puisse échapper aux serres afin de ne pas devenir un vrai... puisque le grand-père était un aigle, le fils un faucon et le petit-fils un vrai...

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