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Ma blouse, mon stétho et mes chaussures
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13 juillet 2008

Paris se meurt

Paris se meurt, tendrement elle s'essouffle peu à peu. L'ambiance n'y est plus, l'été aura raison de ses folies.

Les rues se vident chaque jour un peu plus pour se satisfaire de la présence d'une foule de touristes armés d'appareils photographiques, de guides, de tickets de métro. Le marché semble pâle, les odeurs ne sont plus celles d'antan, les légumes font grises mines, les fruits ne rougissent pas, les fleurs se fânent. Les chalands marchent d'un pas lourd, inanimé, le regard hagard.

La ville est triste, sombre malgré la clarté du jour. Elle se tient tant bien que mal çà et là pour ne point perdre la totalité de son prestige. Des points informations fleurissent pour satisfaire les touristes. Mais, Paris est en proie à un ralentissement psychomoteur de mauvais pronostic. Ses grondements matinaux sont remplacés par des bâillements inaudibles. L'asthénie parisienne ne tardera pas à atteindre son paroxysme. La vie lui fausse compagnie, tout doucement, elle se cache dans des recoins inaccessibles.

Ses habitants tentent le tout pour le tout, un feu d'artifices est organisé en grandes pompes. Avant ça, on fera défiler les corps de l'armée française, c'est une mesure de réanimation de l'âme du pays, de l'âme de Paris;  il faut les sauver à tout prix. Dans un dernier élan réanimateur, un feu d'artifices est tiré la veille de la fête nationale pour que, le grand jour venu, la ville paraisse moins blafarde. Je ne sais si cela change les choses, Paris est anémiée, ses hématies sont ailleurs, étendues sur le sable.

Comme chaque soir, je suis assise sur le rebord d'une fenêtre, la tête dans les nuages, des volutes autour du visage, les yeux scrutant les mots des étoiles. Ce soir, une étoile, solitaire dans un ciel limpide. J'écoute la musique des bombardements réanimateurs, j'imagine la couleur des fusées pour chaque détonation, je crée mon propre feu d'artifices en percevant les derniers souffles de mon pari qui ne rencontrera probablement plus son Paris.

Et demain, "au pays des matins calmes", j'irai déambuler ma solitude au milieu des arbres et des brins d'herbes folles.

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