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Ma blouse, mon stétho et mes chaussures
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27 mai 2008

La valse des pingouins

Promenons nous quelques instants sur la banquise. Retrouvons nos amis les pingouins, un café à la main. Plusieurs groupes se distinguent. Leur unique point commun réside dans leur tenue, ils sont tous vêtus d'un costume et d'un masque. Lorsque que l'on ne prête pas attention à leurs mimiques, à leurs gestes, à leurs regards, à leurs positions, on ne remarque qu'une seule et unique chose, ils semblent former une petite communauté bien sous tout rapport, le groupe des pingouins est officiellement créé.

Néanmoins, dès lors que l'on ose s'approcher un peu plus près de cette minuscule mafia pingouinesquepingouinesque, on découvre un monde nouveau. Les apparences sont trompeuses, ces pingouins ne sont pas ce qu'ils prétendent. En réalité, ces individus incarnent différents volatiles.

Mais qu'est-ce que ce volatile qui glougloute au sein de cette grise assemblée? Un intrus de sexe féminin, une petite dinde se tient là, plantée sur ses deux pattes. Si elle pouvait faire la roue, elle le ferait. Sa petite tête dépeint parfaitement la satisfaction qu'elle éprouve à n'être entourée que de mâles. Ses airs béâts ravissent sa cour. Les cendres de sa cigarette martèlent le sol pour rappeler sa présence. Ceci dit, ce manège est inutile, une dinde ne passe pas inaperçue, rien ne sert d'en rajouter.

Une fumée glauque et imbue de son auteur s'échappe du visage d'un faucon (ou d'un vrai?). Persuadé d'être un aigle, il se dresse de toute sa hauteur, il est bien visible et se rend audible à coups de babillages grotesques. Derrière ce masque de faucon se cache un jar prêt à piétiner ses non congénères pour être le premier, pour être le plus grand, pour être le meilleur. Sa superbe est entâchée par ses regards dédaigneux, son bec crochu jaunit par l'envie. Ce faucon se veut centre des conversations, élément indispensable de ce petit monde à part, petit chef ridicule de cette mafia stupide. Les autres le contemplent bêtement, comme un mini Dieu. Il est conforté dans sa position de leader. Le faucon n'est qu'un dindon.

Juste à côté, un petit moineau, l'air absent, loin des préoccupations futiles de ses collègues. Il respire la sympathie, le respect malgré un petit masque voulant prouver son assurance. L'envie de le tirer de ce faux pas est grande. Mais, à quoi bon lutter quand un volatile n'en est point capable de lui-même? Le moineau subit les mots du faucon (alias le dindon), les gloussements de la dinde. Il est mauvais acteur, le temps a griffé son masque pour faire apparaître sa vérité. Il est contraint de supporter cette réunion quotidienne pour ne pas être victime d'exclusion, il en sera bientôt libéré et sera alors initié à une autre fraternité.

Un merle fait également partie de ce groupe. Il est rieur, enjoué, sans fioriture. Il prend la vie comme une fête, comme une série de plaisanteries. Ce merle siffle une note de vérité à ce spectacle de déconfiture humaine. Peut-être a-t-il acquis la maturité nécessaire pour avoir le courage de ne pas se cacher derrière des apparences trompeuses. Sa voix s'élève clairement et distinctement au milieu des piaillements incessants des participants.

Et juste là, à deux pas, un jeune coq, arborant fièrement son costume gris et sa cravate couleur ciel. Des volutes de fumée s'échappe de sa bouche. Des rires rejoignent les nuages fraîchement enfantés. Son masque est flagrant, il est sous influence, influence néfaste d'un faucon, faucon qui ne souhaite que dévorer le jeune poussin. Les artifices sont évidents, des sourires forcés, des mimiques volées çà et là, une fausse impétuosité qui pourrait être vérité en d'autres lieux, des regards fuyants pour les individus extérieurs à la mini mafia. Et pourtant, ce jeune coq à peine sorti de sa coquille possède ce petit truc des rêveurs éternels, cette petite pointe de vérité qui ne demande qu'à naître véritablement. Petit poussin deviendra grand. Suivra-t-ilSuivra-t-il les pas du faucon? Espérons qu'il puisse échapper aux serres afin de ne pas devenir un vrai... puisque le grand-père était un aigle, le fils un faucon et le petit-fils un vrai...

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Commentaires
T
Eh ben dis donc, quelle jactance ! Fort bien tournée, cette fable, qui me fait penser, aspect politique en moins, à une Ferme des animaux limitée aux espèces volatiles.<br /> <br /> Les aigles sont une rareté, on croise plus de faucons. Quant aux vrais, ils sont légion, et nous sommes forcément celui de quelqu'un !
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