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Ma blouse, mon stétho et mes chaussures
Ma blouse, mon stétho et mes chaussures
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13 mai 2008

Un dimanche de Pentecôte pas comme les autres

Replongeons nous quelques jours en arrière, dimanche pour être précise.

Je me lève à 7h, je jète un oeil à travers la toute petite ouverture entre le mur et les volets, j'aperçois déjà le ciel bleu. Je pense alors que c'était prévisible, il fait toujours beau quand je suis de garde de jour! Je passe 10 bonnes minutes à lorgner le soleil en émergeant tranquillement. Soudain, prise de conscience, je dois me dépêcher sinon je ne serai jamais à 8h30 à l'hôpital. Douche, habillage, préparation de mes petites affaires nommées stétho, blouse, bouquin d'urgences, stylo 4 couleurs. N'oublions un passage quotidien obligatoire par l'ouverture des volets et une nouvelle contemplation du ciel et des murmures matinaux de Paris qui prend vie tout doucement.

Il est 8h. C'est officiel, d'après le site internet de la ratp, je vais être en retard. Alors pourquoi ne pas perdre deux minutes de plus en arrosant les plantes? C'est chose faite, et là, tout de suite maintenant, je suis vraiment en retard, je n'aurai jamais le métro de 8h09, c'est mort. Je décide donc de marcher à allure modérée vers ma station. Ma cool-zen attitude du matin est récompensée par un métro à quai une minute après mon arrivée. Coup de bol. Le site de la ratp est vraiment d'une précision incroyable...

Autre suprise de taille, j'arrive à 8h28 dans le bureau des médecins des urgences. Je ne suis pas en retard, j'ai même le temps d'enfiler mes baskets avant de franchir le seuil des urg'. La journée s'annonce décidément agréable.

C'était sans compter sur un afflût massif de patients dans le service. Les patients s'enchaînent et ne ressemblent pas, ils semblent tous de bonne humeur, des cas intéressants, des cas moins intéressants, mais avant toute chose ce sont des patients, des êtres humains. Oui, parfois, on oublie que derrière cet érysipèle se cache une personne à part entière et on parle de façon enjouée de son premier érysipèle avec ses collègues "mamie de 93 ans avec érysipèle, ça claque, non? c'est mon premier, je ne suis pas venue pour rien"; ou encore de cette infirmière de bloc retraitée plus qu'adorable, aimable, un ange cette patiente qui appelle un des étudiants "beau gosse", je lui fais tranquillement ses points de suture quand je passe l'aiguille dans une veinule et c'est l'innondation du champ... rassurez-vous, elle est en vie, non vidée de son sang et de toutes façons, ça pissait bien avant ce petit désagrément, le tout a été de faire une hémostase correcte par compression et par un joli point au milieu des doigts compresseurs d'une collègue.

Cas exaspérant : "j'ai un bouton sur la joue, juste à côté du nez, vous le voyez? il gonfle et j'ai peur que ça soit grave".
Pfff, j'ai faim, je n'ai pas petit-déjeuné et j'ai pas envie de m'occuper de ça. Le motif de consultation, c'était "kyste du visage, tri 2 (temps d'attente inférieur à 60min)", merde c'est pas un cas avec un dégueu tout purulent, dégueu. Déçue, je suis déçue. Elle n'aurait pas pu attendre quelques jours pour que je vois ma première véritable staphylococcie de la face? Tant pis, elle est là, il faut la soigner. Chose faite.

D'autres patients, problème de métrorragies avec prise d'anticoagulants, trauma poignet, trauma cheville, trauma genou, trauma coude (ça m'a rappelé ma chute de la mezzanine!), et d'autres dont je ne me souviens plus bien.

A 17h30, je commence à voir le bout de ma garde : dans une heure, c'est la quille! Eh bien, non pas du tout, il est 17h45 quand l'urologue de garde vient me chercher pour une greffe rénale qui commence incessamment sous peu; selon lui, je dois me dépêcher pour me changer, m'habiller en stérile et préparer les tables de façon à débuter le plus vite possible (il a un rendez-vous à 19h30!). Je fais donc quelques transmissions rapides à des collègues pour qu'ils récupérent mes patients du moment, je préviens mes petits patients et je filoche au bloc.

Bloc très sympa, je n'avais jamais aussi bien vu une greffe (le secret, deux marche-pieds superposés...), l'ambiance est détendue, et j'arrive à me dépatouiller avec l'instrumentation après 4 mois sans bloc. La vie est belle sauf cet interne imbu de sa petite personne rétrécie et conventionnelle, avec un rire à moitié débile (voire complètement). Le chir nous laisse refermer le patient avec l'interne. "tu veux mettre les agrafes?" Super récompense pour avoir bosser 1h30 de plus, sympa l'interne... "non, tu n'as qu'à le faire, tu seras plus rapide" d'un ton sec, parce qu'il commençait à courir sur le bourrichon ce mec. En moi-même : "putain, quel abruti, il aurait pu me proposer la sous-cut', merde à la fin, il me gonfle avec ses grands airs celui-là".
Tout naturellement, dès qu'il a fini sa pose d'agrafes, il se casse sans un merci pour l'équipe du bloc, sans un coup de mains pour ranger les instruments et dégager les champs du ventre du patient. Je l'ai maudi, sincèrement détesté et insulté, on a médit avec l'infirmière de bloc, cela nous a soulagées. Rendez moi les anciens internes sympas et non prétentieux!

Dans l'ensemble, journée de qualité. Néanmoins, je suis crevée. Et puis, entre autre, si j'avais terminé à l'heure, j'aurais pu passer un coup de fil (oui, j'ai toujours un coup de fil à passer, même si les choses évoluent, on se retrouve encore et toujours dans la même situation).

Note : message écrit parce que je ne veux pas faire que du hors-sujet ici!

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T
La vie, son oeuvre : c'est les heures, c'est un métier, ce sont des études, c'est un apprentissage, c'est un savoir faire, ce ne sont que des choses que l'on acquiert. D'un coup de scalpel, d'interne, de suture, de fil... de fil... pour parler, pour comprendre, pour aimer, pour panser, pour cicatriser, pour tisser....
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